Elle est apparue après que le nuage de poussière se soit atténué. Je reste immobile pendant que mon cœur se met à battre fortement. Elle vient vers moi puis s’arrête et me regarde en hochant la tête. Son bras droit tombe vers le sol laissant son sac toucher le sable.
Il y a des années que nous ne nous sommes plus vus. Des quantités d’images défilent dans ma tête en un instant. En une seconde, les années vécues sans elle ne sont qu’un trait d’union. Pourtant elle reste aussi belle qu’avant et les rides ont amplifié son charme.
S’approchant de moi, elle a perdu ses mots. Elle ne dit rien et me dévisage pour compter le temps passé à travers les marques de mon visage. L’émotion bat son plein en moi, m’offrant ce moment tant souhaité mais réfréné dans mes pensées.
Un sourire complice s’inscrit sur son visage, montrant qu’elle est heureuse de me revoir. C’est alors que je m’approche timidement d’elle et soudain, mutuellement, à deux pas de distance, nous nous arrêtons.
Une rafale de vent s’est invitée et a suspendu notre retrouvaille. Alors que les odeurs de la mer reviennent comme un parfum de jeunesse, humectant nos corps de fraîcheur, accompagnées de cette fragrance d’iode que l’on assimile à la couleur de l’océan. Cette nostalgie de l’infini que la mort des secondes trahit, de ce temps d’hier qui revient, sordidement, feignant d’ignorer que la vie a continué son chemin loin l’un de l’autre.
Nous nous sommes enlacés pendant des minutes pour calmer nos émotions. Soudainement, elle s’est arrachée de mes bras et est partie en courant sans se retourner, me laissant immobile. Elle a crié : « Je n’ai jamais aimé les adieux ! ». La regardant s’éloigner, puis disparaître, le questionnement violent a envahi ma tête : à quoi bon s’être donné un rendez-vous tant espéré par chacun pour le faire fondre subitement, sans explication, ce moment de bonheur qui confond l’espoir à la réalité, ce moment exceptionnel qui, comme autrefois, croise les épées de l’amour dans le sillon de nos regards.
Le doute m’envahit. Ai-je tant changé ? La déception l’a-t-elle effacé d’un coup, d’un seul coup de gomme ?
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