La Relation Mère-Fille Difficile

Cette situation me replongeait dans le passé. Notre relation était tendre. On s’aimait, mais nous ne dépassions pas certaines limites. Elle était animée par une angoisse profonde, qu’elle gardait pour elle afin de ne pas éteindre mes sentiments. Elle ne me racontait jamais ce qu’elle vivait au quotidien avec sa mère. Sa mère avait perdu son garçon à l’âge de quatre ans. Amélien, ce garçon était tout pour elle. Son bonheur, son énergie et sa joie étaient des éléments qui faisaient apprécier sa bonne humeur et sa joie de vivre. Nous l’aimions beaucoup car elle partageait son regard optimiste avec les autres.

Elle était fière d’être enceinte à nouveau et de pouvoir ainsi amplifier son bonheur et celui de son fils. Son mari était heureux de savoir que son épouse respirait la belle vie. Il avait une petite entreprise de peinture et appréciait ses clients. Il était très connu à Chabanais, ce petit village des Charentes. Louis et Denise formaient un couple particulier. Louis était connu de tous les villageois. Il faisait partie de la fanfare et brillait lorsqu’il jouait des morceaux en solo avec sa trompette. De plus, il était très grand, sa femme lui arrivait aux épaules. Elle se portait bien, alors que lui était maigre. On disait qu’elle portait la ceinture. Elle tenait les comptes de Louis et n’approuvait pas que ses clients, profitant de la générosité de son mari, ne paient pas leur dû.

Un matin d’automne, alors que la nuit ne s’était pas encore dissipée et que le jour n’éclairait pas suffisamment la chambre du garçon, elle était venue le réveiller mais Amélien ne bougeait pas. Effrayée, elle alluma la lumière et découvrit un corps inerte et froid. Elle se mit à hurler. Son mari souffrait autant qu’elle, mais essayait de la consoler.

Quelques mois plus tard, elle mit au monde la petite sœur de celui qui venait de disparaître. Elle pensait que le destin lui donnerait un garçon, mais la fille était là et il fallait lui donner un prénom. Elle n’écouta pas les avis de son mari et décida d’appeler sa fille Amélie. Avec ce prénom, tout était dit. C’était avec beaucoup de distance qu’elle éleva Amélie. La petite avait un instinct de survie et restait silencieuse. Son corps s’adaptait aux règles de sa mère. La tétée ne s’était pas faite, le biberon était le trait d’union entre la fille et sa mère. Elle grandissait sans bruit pour ne pas attirer la colère de sa mère. Elle savait que celle-ci la surveillait de très près. Petite fille, pour retenir la bienveillance de sa mère, Amélie se comportait comme un garçon manqué. Malgré cela, elle n’obtenait aucune grâce de sa mère. Avec le temps, Denise se rendit à l’évidence que Amélie n’était pas Amélien et que leurs caractères étaient bien différents. Louis profitait autant que possible de sa fille. Chaque fois qu’il pouvait partager des moments avec elle, c’était un plaisir pour les deux. Une complicité naissait. Bien que Louis ne pût jamais s’opposer à sa femme, il consolait sa fille.


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